Auprès de la route de Saint-Émilion
Quantum nostra aedificado
Un autre monde où les fleurs semblent parler, où les chemins de campagne sont vivants… Avez-vous déjà ressenti cet autre monde ? Même l’odeur de ce qui semble être un parfum semble différer.
Regarder un tableau de Sigweis von Neipperg est se promener sur un ruban de Moebius. Dans cette logique inhabituelle où les côtés et les inverses s’unissent, où les reflets deviennent des discours et les couleurs un rythme, une mesure du temps. Et le temps n’est plus une question de temps.
Il s’agit d’une prise du regard, menée par une perception secrète, pour des choses totales. C’est voulu. Mais c’est instinctif. C’est guidé.
Et par derrière la colline, il existe une autre vallée, une autre colline la suit, bien plus intense, plus extraordinaire. Alors tu deviendras étudiante et étudiant, sans âge ni religion, tu verras simplement, tu verras, avec curiosité, sans curiosité. Car le monde est son double et son triple.
Le passage d’Alice au pays des Merveilles est de ce même genre. Mais Sigweis est du pays de Nietzsche, de Gaspard Hauser et de Caspar David Friedrich. Elle ne possède pas l’inconscient symétrique d’un mathématicien anglais légèrement binaire. Elle détient un magister en Philologie Romanistique et Germanistique de l’Université de Munich, elle est experte en Morphopsychologie, en Chromothérapie, Géobiologie et Bioénergie… Sa réalité est courbe, avec des nœuds de Moebius tels des ceps de vigne dotés de cette unicité atypique d’une nature à la fois sauvage et travaillée. Elle nous mène à la rêverie des oiseaux et la nuit obscure dans laquelle veut se perdre le promeneur à la recherche de sa destinée totale. C’est-à-dire l’ultime, celle dont il se doute comme on se doute que la Terre est creuse, que la Terre est pleine, parce qu’elle porte en chacun de ses atomes le secret d’un grain de terre et de peinture.
Puissance de la couleur alors que tout n’est pas la couleur. Finesse d’un visage et des mains dessinées avec un art parfait, on dirait l’esprit de Watteau, une tête d’enfant qui pourrait être une pierre toujours vivante, inatteignable, peut-être inaccessible.
Cette réalité est aussi une capacité de passage. Un art devient total parce qu’il est une philosophie cachée de toute une histoire, reposant sur le bruit obscur de la scène non encore peinte mais déjà présente dans le tableau précédent. C’est une des formes du raisonnement organique, Sigweis mène le monde vers ses vérités naturelles, où conscience et inconscience se posent sur le même objet comme un aigle et un lion visant la même proie.
Quantum nostra beatificado
C’est une peinture qui touche à l’abstrait tout en restant une réalité productrice. Elle ne comporte aucun flou, elle est une vérité du surnaturel. L’artiste nous ouvre ainsi la porte d’un monde concret mais autre, où l’unicité de l’être reste entière. Nous ne sommes pas dans le peace and love hippie. Pas plus que dans le cri de révolte souvent stérile de tant de peintres privilégiés cherchant une cause. La peinture de cette descendante du Saint-Empire ne vise pas à la dépersonnalisation. Elle est dans les ombres et lumières des médium, dans les mille discours de Gérard de Nerval sur les mondes étranges et pénétrants, ses tableaux sont dans une suite de points, d’espaces, de joies et de tristesses qui marquent la puissance de la vie.
Vins et couleurs, chromothérapie et guérisons, le vin comme la peinture est un éloge de l’amour, puisque l’on représente des choses qui nous émeuvent, comme un moody blues qui chante la nuit, et dans le port de cette nuit… Sigweis von Neipperg est née en Allemagne. Avec son époux ils sont venus s’installer en France, ils ont repris des vignobles dans le bordelais, ils ont créé des marques de prestige dans le Saint-Émilion. Le fruit, la récolte, dit-elle, le respect de l’homme dans la création divine… Cette aventure est concentrée dans la lumière, et à travers la lumière, dans la couleur, puisque la couleur n’est rien d’autre qu’un détail, l’un des multiples paramètres, dont la lumière blanche est constituée… Je me passionne pour l’impact de la couleur sur l’âme et le subconscient. Le photon, cette minuscule particule de lumière et donc de couleur, possède des propriétés autant matérielles qu’immatérielles.
Quantum nostra aedificado : Autant nous construisons
Quantum nostra beatificado : Autant nous sommes béatifiés