Après avoir longtemps travaillé les présences humaines dans la grande ville, Ann Cantat se consacre à la nature profonde du paysage. L’Institut Bernard Magrez expose les oeuvres de cette recherche, où se trouve définie l’image de l’infini.
Nous devenons la route que nous regardons. Nous devenons le chevreuil qui passe sur la route, et nous sommes aussi l’arbre, la nuit, la lumière au fond de la nuit. Un paysage, c’est nous-mêmes qui nous décomposons. Une partie de notre cerveau est faite ainsi. C’est elle qui explique la tendance de la mode. Chacun imite l’autre, un peu, et tout s’ajuste dans la brume collective de l’inconscient. Cela s’appelle le mimétisme. La photographe observe cette dissolution avec son esprit de finesse. Elle trouve la feuille, le nuage. Ils nous appellent même si nous faisons semblant de ne pas entendre, de ne pas obéir.
Ann Cantat nous transmet alors le message, pour qu’on l’entende. Elle nous indique la brume des choses,
sur la route que nous prenons, sur les chemins de la nature, et la nature c’est nous-même.
Pourquoi cette nature devient-elle si belle ? Notre vision est-elle faite pour voir le beau, uniquement ? Ou bien tout est-il beau dans la nature ? Nous sommes au bord des choses, de toute façon. Ann Cantat nous a menés par ses photographies à la dépersonnalisation de notre ego. Elle nous a montré l’infini, ’inconscient, celui des hommes, des femmes et des feuilles, des animaux et des concepts, peut-être parce que le temps de la nuit est venu, pour que dans un rêve nous nous endormions tous. Un rêve collectif qui serait le dernier objet d’art que l’on verrait. Jusqu’à ce que l’on retrouve en nous même le romantisme passionné que notre civilisation a connu par périodes intermittentes.
Institut Bernard Culturel Bernard Magrez
16 rue de Tivoli
33000 Bordeaux
Tel. : 05 56 81 72 77
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