Culturel

À lire en savourant un verre de brandy

Pourquoi les Anglo-Américains ont-ils tant de bons auteurs ? En dehors de leurs moyens financiers, peut-être parce qu’ils ont un état d’esprit individualiste et libertaire qui n’a jamais eu son pareil sur les autres continents.

Connaissez-vous Amor Towles et son livre : Un gentleman à Moscou ? Dans les années 1920, le comte Alexandre IllitchRostov est condamné à vivre en résidence surveillée à l’hôtel Métropole de Moscou. Il va y rencontrer bien des personnages, durant une trentaine d’années, y compris une petite fille. Bien sûr, on peut se demander quelle était l’espérance de vie d’un aristocrate russe à Moscou aux temps de Lénine et Staline. Mais, rappelons-nous la stupéfaction du général de Gaulle, lorsqu’à la fin de la guerre, il retrouve le comte Ignatiev parmi les dirigeants communistes, alors que celui-ci était le patron des services secrets du Tsar en France en 1914… Mystère de la littérature, mystère de la politique… Le monde est une vérité littéraire avant d’être un principe rationnel. Et dans cet esprit romanesque, ce livre est un véritable paradoxe réaliste, subtil, élégant, à l’écriture claire, à la mentalité positive. Un vrai roman américain racontant les méandres d’une suite de vies.

Connaissez-vous aussi le docteur Pozzi ? C’était un grand patron de la médecine française de la Belle Époque, et un grand ami d’Edmond de Polignac et Robert de Montesquiou. Ils faisaient partie de la jet set de ces temps là. Leur biographie L’homme en rouge racontée par l’anglais Julien Barnes est un délice. Parce que cette époque était un délice. Parce que ce livre est un plaisir.
Un autre excellent livre : La saga des Cazalet-volume 1 écrit par l’anglaise Elizabeth Jane Howard. Elle nous raconte l’histoire d’une famille anglaise sur trois générations… À cette époque, la marine britannique dominait encore le monde et la gentry le Commonwealth. La Grande-Bretagne bon chic bon genre racontée par une dame qui faisait partie de ce monde et le jugeait avec une réelle générosité d’esprit.
Les Anglais ressemblent à s’y méprendreaux Grecs de l’Antiquité. Dans son dernier livre publié Un été avec Homère Sylvain Tesson nous rappelle que ces derniers ont tout inventé. Ou plutôt, ils ont tout compris. C’est eux la source vive de notre civilisation. Sylvain Tesson est un pur qui nous donne des visions pures sur notre monde actuel et son devenir.
Dans un autre style et un autre genre : Hugo Pratt… Son dernier ouvrage avant qu’il ne meure : J’avais un rendez-vous. Une peinture des choses indicibles qui se perdent dans le vestige des jours.